Édition du mardi 3 novembre 2015
Circulation alternée : le grand cafouillage
C’est une nouvelle direction qu’a décidé d’emprunter hier la ministre de l’Écologie, Ségolène Royal, à propos de la circulation alternée dans les grandes villes en cas de pic de pollution : ce seraient désormais les maires et les exécutifs régionaux qui en décideraient, et non plus les représentants de l’État.
Cela fait des mois que la question de la circulation alternée – interdiction de la moitié de véhicules de circuler un jour de pollution – oppose notamment la maire de Paris, Anne Hidalgo, au gouvernement. En cause : la lourdeur administrative du processus, qui fait qu’en général, lorsque la décision est prise, l’épisode de pollution est terminé. C’est ce qui explique qu’à Paris, notamment, la circulation alternée n’a été réellement mise en place que trois fois (en 1997, 2014 et 2015) alors que les pics de pollution ont été bien plus fréquents.
Pendant longtemps, il fallait de toute façon attendre que la pollution soit constatée par les organismes mesurant la qualité de l’air pour pouvoir lancer le dispositif. C’est sur ce terrain que Ségolène Royal, en septembre dernier, a décidé d’agir en annonçant que la mesure serait décidée à l’annonce d’un pic de pollution, et non à son constat. Mais cela restait, selon les annonces faites en Conseil des ministres le 30 septembre, au préfet de prendre de la décision, une fois saisi par les élus locaux. Autre réforme annoncée alors : la circulation alternée pourrait être automatiquement maintenue plusieurs jours sans qu’il soit nécessaire de renouveler le processus.
Mais ces derniers jours, une nouvelle crise a éclaté entre la maire de Paris et le gouvernement. Alors qu’Airparif, l’organisme chargé de mesurer la qualité de l’air en Île-de-France, annonçait dimanche un épisode de pollution aux particules fines pour le lendemain, Anne Hidalgo, épaulée par le président de la région, Jean-Paul Huchon, demandait la mise en place immédiate de la circulation alternée. Peine perdue : le ministère de l’Écologie décidait de la mettre en place le surlendemain, c’est-à-dire aujourd’hui. Sauf qu’entretemps, le vent et la pluie s’étant mis de la partie, la pollution était dispersée, et la mesure annulée.
On ne sait pas si c’est cet épisode qui a fait changer d’avis la ministre, mais, de fait, elle a fait volte-face hier sur Europe 1 : « Maintenant, quand la région et la mairie demanderont ensemble la circulation alternée, celle-ci sera décidée automatiquement. » Exit, donc, le préfet, même s’il reviendra à celui-ci « de prendre les dispositions qui vont avec ».
Interrogé ce matin sur la même chaîne de radio, depuis Pékin – où la pollution aux particules fines est, soit dit en passant, quotidiennement trente à cinquante fois supérieure aux seuils d’alerte français – le président de la République a soutenu sa ministre : « Oui, c’est aux élus, lorsqu’ils sont avertis de la situation, de prendre cette décision ».
Tout cela va, finalement, dans le sens de ce que dit Ségolène Royal depuis des mois, à savoir qu’elle veut « laisser la main aux maires » en matière de mesures pour la qualité de l’air (lire Maire info du 3 juin). Mais cela ne règle pas la question, loin de là. Car la circulation alternée est loin d’être entrée dans les mœurs et nécessite encore, pour être efficace, un important dispositif de contrôle policier. À titre d’exemple, lors du dernier épisode où la circulation alternée a été mise en place à Paris, le 23 mars, il a fallu mobiliser pas moins de 750 policiers pour contrôler les entrées de l’agglomération. Une telle mobilisation, et l’organisation qui va avec, est-elle possible du jour au lendemain ? Rien n’est moins sûr. Si la circulation alternée a fait ses preuves – elle a permis, lors du dernier épisode, de faire reculer la concentration de particules fines dans l’air de 6 % en quelques heures – elle ne sera sans doute organisable en très peu de temps qu’à partir du moment où elle ne nécessitera plus de contrôle. Et ce n’est certainement pas pour tout de suite.
Cela fait des mois que la question de la circulation alternée – interdiction de la moitié de véhicules de circuler un jour de pollution – oppose notamment la maire de Paris, Anne Hidalgo, au gouvernement. En cause : la lourdeur administrative du processus, qui fait qu’en général, lorsque la décision est prise, l’épisode de pollution est terminé. C’est ce qui explique qu’à Paris, notamment, la circulation alternée n’a été réellement mise en place que trois fois (en 1997, 2014 et 2015) alors que les pics de pollution ont été bien plus fréquents.
Pendant longtemps, il fallait de toute façon attendre que la pollution soit constatée par les organismes mesurant la qualité de l’air pour pouvoir lancer le dispositif. C’est sur ce terrain que Ségolène Royal, en septembre dernier, a décidé d’agir en annonçant que la mesure serait décidée à l’annonce d’un pic de pollution, et non à son constat. Mais cela restait, selon les annonces faites en Conseil des ministres le 30 septembre, au préfet de prendre de la décision, une fois saisi par les élus locaux. Autre réforme annoncée alors : la circulation alternée pourrait être automatiquement maintenue plusieurs jours sans qu’il soit nécessaire de renouveler le processus.
Mais ces derniers jours, une nouvelle crise a éclaté entre la maire de Paris et le gouvernement. Alors qu’Airparif, l’organisme chargé de mesurer la qualité de l’air en Île-de-France, annonçait dimanche un épisode de pollution aux particules fines pour le lendemain, Anne Hidalgo, épaulée par le président de la région, Jean-Paul Huchon, demandait la mise en place immédiate de la circulation alternée. Peine perdue : le ministère de l’Écologie décidait de la mettre en place le surlendemain, c’est-à-dire aujourd’hui. Sauf qu’entretemps, le vent et la pluie s’étant mis de la partie, la pollution était dispersée, et la mesure annulée.
On ne sait pas si c’est cet épisode qui a fait changer d’avis la ministre, mais, de fait, elle a fait volte-face hier sur Europe 1 : « Maintenant, quand la région et la mairie demanderont ensemble la circulation alternée, celle-ci sera décidée automatiquement. » Exit, donc, le préfet, même s’il reviendra à celui-ci « de prendre les dispositions qui vont avec ».
Interrogé ce matin sur la même chaîne de radio, depuis Pékin – où la pollution aux particules fines est, soit dit en passant, quotidiennement trente à cinquante fois supérieure aux seuils d’alerte français – le président de la République a soutenu sa ministre : « Oui, c’est aux élus, lorsqu’ils sont avertis de la situation, de prendre cette décision ».
Tout cela va, finalement, dans le sens de ce que dit Ségolène Royal depuis des mois, à savoir qu’elle veut « laisser la main aux maires » en matière de mesures pour la qualité de l’air (lire Maire info du 3 juin). Mais cela ne règle pas la question, loin de là. Car la circulation alternée est loin d’être entrée dans les mœurs et nécessite encore, pour être efficace, un important dispositif de contrôle policier. À titre d’exemple, lors du dernier épisode où la circulation alternée a été mise en place à Paris, le 23 mars, il a fallu mobiliser pas moins de 750 policiers pour contrôler les entrées de l’agglomération. Une telle mobilisation, et l’organisation qui va avec, est-elle possible du jour au lendemain ? Rien n’est moins sûr. Si la circulation alternée a fait ses preuves – elle a permis, lors du dernier épisode, de faire reculer la concentration de particules fines dans l’air de 6 % en quelques heures – elle ne sera sans doute organisable en très peu de temps qu’à partir du moment où elle ne nécessitera plus de contrôle. Et ce n’est certainement pas pour tout de suite.
Franck Lemarc
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